Arnaud Genon – L’absente.

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Les photos qui avaient été prises à la clinique pour ma naissance sont en noir et blanc. Cette image est une des premières en couleur sur laquelle j’apparais. Ici, pas besoin de date manuscrite au dos du cliché. Nous sommes en décembre 1975 ou janvier 1976. Sur les jambes de maman, j’ai six ou sept mois et mon frère, assis comme un sage Indien fumant son calumet en plastique, n’a pas encore cinq ans.

Je reconnais tous les éléments du décorum de la photographie : le banc coffre sur lequel maman est assise – et dont papa se servira pour ranger ses 33 tours –, le radio cassette (maman y écoutait les chansons de Nicolas Peyrac) qui deviendra plus tard celui de mon frère et dans lequel il cachera ses premiers paquets de cigarette, la table gigogne et le bouquet de fleurs séchées auquel je mettrais feu sept ou huit ans plus tard en m’amusant avec un briquet.

A partir de là, l’histoire de maman devient un peu la mienne. A partir de là, tout au moins, je partage son histoire.

L’enfant, la jeune femme est devenue maman. Ma maman.

 

 

 

 

 

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