« Maison-Carrée (Algérie) 1956 Christine et Yveline ». Maman est assise sur un balcon, probablement le balcon de l’appartement qu’elle habitait alors, avec mes grands-parents et sa sœur. Elle est à gauche de l’image et je lui découvre un visage rond et poupin, que je ne lui connaissais pas. Par contre – et cela m’étonne – je la reconnais à ses cheveux, à leur implantation mais aussi à leur pli, leur épaisseur. J’y distingue presque leur matière à travers le grain de la photo.
C’est que lorsque maman était malade, elle perdit ses cheveux. J’assistai à toutes les phases de cette alopécie puis à celles, plus heureuses et pleines d’espoirs (déçus par la suite), de la repousse. Elle nous informait, mon frère et moi, de ces évolutions et nous donnait à voir et à toucher le duvet renaissant. Elle était heureuse – peut-être fière aussi – de voir réapparaître ce signe de sa féminité perdue, après avoir dû cacher sous une perruque, son crâne de bébé, de malade. « Les cheveux, c’est une part de nous », me dit-elle un jour. La reconnaître pleinement sur cette photo aujourd’hui, grâce à ses cheveux, lui donne raison.