Après ça s’était calmé. Page 1.

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Je suis monté dans le métro, les portes allaient se fermer, il a couru, il est monté juste en face de moi, serré. Il y avait du monde. Il m’a regardé, a évité mon regard, y est revenu, évitait encore, moi je regardais. Je ne pouvais pas faire autrement. Je me suis penché vers lui — d’abord j’avais eu peur qu’il se faufile entre les gens, dans le wagon bondé, mais non —, j’ai dit : vous ressemblez à quelqu’un… Il a souri, il n’a fait que ça, sourire, un sourire comme je n’en avais jamais vu d’autre, il aurait pu secouer la tête, s’excuser, il l’a fait peut-être, mais je ne retiens que son sourire. Et au-delà du sourire : il était heureux. Que j’ai franchi le pas qu’il n’aurait pas franchi. Ça m’a encouragé, j’ai dit : ça ne vous rend pas moins beau pour autant, il a dit : vous non plus. On était cerné, le wagon n’avait pas encore atteint la station suivante, j’ai dit : on va boire un verre, il a dit oui, j’ai dit : la prochaine ? Sans réfléchir. Il a souri, il a dit : oui, bien sûr.

C’était évident.

Sur le quai, j’ai dit : on ne va pas se vouvoyer, il a dit non. On a marché côte à côte, j’ai demandé où on allait, il ne savait pas, il a indiqué un bar que je connaissais moi aussi. On s’est installé en terrasse, il faisait beau. Face à face. Il me regardait dans les yeux, il souriait, ça n’arrêtait pas, il me regardait et puis ça venait, ça ouvrait sa bouche et découvrait ses dents, je me suis demandé où j’avais vu ce sourire — je n’ai pensé à l’acteur américain que plus tard, me rendant compte qu’il ressemblait effectivement à quelqu’un.

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