Après ça s’était calmé. Page 5.

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On avait passé la journée ensemble, G et moi, mais j’avais senti vite que quelque chose n’allait pas. J’avais amené l’ordinateur chez lui, j’avais le téléphone à portée de mains, tes messages m’arrivaient de province, je m’assombrissais. Parallèlement, j’agissais comme si j’étais chez moi. J’avais fait la vaisselle, la veille j’étais allé faire des courses. Il n’y avait pas de raison pour que je me comporte de cette façon, il fallait que je me détache déjà, il ne fallait pas reproduire.

G dirait au téléphone : n’emmène pas tes problèmes avec ton mec dans notre histoire.

Il avait dit : notre histoire — je m’étais dit : il y a une histoire.

Et : il y a nous.

Déjà.

G avait dit qu’il était séropositif le troisième jour, parce qu’il voyait que l’on allait plus loin. Il s’était dit : il faut que je le dise. On en avait parlé pendant le dîner. Il avait dit la quadrithérapie, l’état de santé variable, il dirait ce samedi-là le mal au ventre dans l’après-midi et le besoin d’aller aux toilettes pressant, impérieux. Il y ajouterait la nausée matinale, deux heures après la prise des médicaments, il me prendrait contre lui, sa main dans mon cou, il sourirait, dirait encore : aussi, si je ne suis pas bien un matin, ce n’est pas à cause de toi, tu as bien compris…?

Moi j’entends autre chose que ce que les gens disent.

Il dirait aussi au téléphone : mes mots ne disent rien d’autre que ce qu’ils disent.

Moi j’entends autre chose, systématiquement.

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