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Je suis avec G. Dans son lit. Il travaille, il note des mesures, il fait des projections pour sa nouvelle cuisine. Il prévoit de faire des courses. Son dos est appuyé contre mes jambes, je lui caresse les reins.
Toi, tu as pris un train pour la province. Pour me laisser seul à Paris et aussi pour me faire chier. Mais ça ne me fait pas chier : je suis avec G.
Tu as dit : ok je te donne ce week-end.
Je t’ai dit que j’étais amoureux de G.
Je n’ai pas détaillé.
Tu as dit : vous allez faire des projets en commun, tu voulais dire : des projets artistiques, c’est facile, puisque c’est un artiste lui aussi. J’ai répondu que toi, K, tu ne l’étais pas et que pourtant on en avait fait plein, des projets en commun. Que ça n’avait rien à voir. J’ai dit aussi : je t’aime, beaucoup beaucoup plus que lui. Tu as demandé que je garde ce beaucoup beaucoup à chaque fois à partir de maintenant. Tu as dit : je te donne ce week-end, à mon retour tu choisis entre lui et moi.
J’ai répondu non.
Je ne pouvais pas choisir, je ne pouvais pas : ça n’aurait pas été en ta faveur.
Tu as dit encore : je veux que tu arrêtes de le voir, c’est bon, tu as eu une semaine, maintenant ça s’arrête et nous, on continue.
Tu tapais du pied : c’est ça que je veux.
Tu as voulu m’embrasser dans le cou, me marquer, j’ai dit non, tu as insisté, tu as promis que tu ne le ferais pas et puis tu m’as pris par surprise, tu m’as mordu, je t’ai jeté, j’ai dit : dégage. Et : t’es vraiment un connard.
Après on a pleuré.
Dans la nuit, tu as voulu me sucer mais j’ai eu peur que tu me mordes encore et je me suis dégagé.
Tu as pris le train à six heures vingt.
Tu m’envoies des sms.
G parle de sa cuisine, allongé sur le lit.
Il a un cheveu sur la langue, que l’on entend particulièrement sur le son « ge ».
Quand il dit : mitigeur, c’est magnifique.
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